Slide listening (2017)
Instrumentation: concertino for piano and orchestra
Duration: about 9 minutes
Premiere: March 5th 2017 by the three finalists of Piano Campus international piano competition.
Orchestre Melodix, conducted by Fabrice Parmentier
National Theater of Cergy-Pontoise
Publisher : Éditions Musicales Artchipel
Commission: Pascal Escande for Piano Campus competition
Slide-listening est une pièce écrite pour piano et orchestre qui s’éloigne quelque peu de la forme classique du concertino dans le rapport entre le soliste et l’orchestre. Ici le discours ne s’établit pas au sein d’un axe confrontation/dialogue, mais plutôt dans une volonté d’orchestrer l’instrument soliste, de créer une sorte de piano augmenté par l’orchestre. Ce dispositif compositionnel filtré laisse s’échapper quelques résidus orchestrés et autres textures autonomes pensées comme des respirations d’ordre environnemental, proches du design sonore.
La forme et le matériau convergent dans la figure du glissement. Du glissement de l’archet sur les cordes au glissement de clusters diatoniques au piano, du glissement des flutes à coulisses au glissement de la superball sur le tam, du glissement d’objets musicaux au glissement des situations d’écoute, ces diapositives sonores s’entrechoquent à un tempo soutenu.
Cette pièce, créée par les finalistes du concours international Piano Campus 2017, met par ailleurs en jeu ce que j’appelle des OEM (objets esthétiquement modifiés) issus du concerto pour piano de Schumann (au programme de la finale). Les OEM sont des fragments musicaux issus de la littérature classique ou traditionnelle ; ces fragments sont, un peu à l’instar des manipulations génétiques, d’abord prélevés, décontextualisés, modifiés esthétiquement, puis confrontés à un nouvel environnement musical.
Installation
Les sabots d'Hélène (2018)
Morality test with musical answer
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Conception : Aurélien Dumont and Lise Charles.
Text : Lise Charles
Premiered in 2018, may 31th at Villa Médicis - Roma.
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Naïbes (2018)
Video and quadriphonic system.
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Conception : Jennifer Douzenel and Aurélien Dumont
Premiered in 2018, September 28th at Villa Meditérannée - Festival Viva Villa.
Œuvre-miroir de Baïnes, Naïbes est une installation qui repose sur la démultiplication de la vidéo Blink, dialoguant avec une réinterprétation électroacoustique réalisée à partir de l’enregistrement de Baïnes.
Filmé en Australie, précisément à l’endroit où sur la carte l’océan Indien et l’océan Australe se rencontrent, Blink semble donner corps, par frottement, à la géographie. Les éclats de lumière dessinent, en déroulé, un temps hypnotique. La musicalité et le rythme trouvent ici un écho particulier dans une matière sonore transformée et contemplative. Se construit ainsi un paysage visuel et sonore, un horizon en partition.
La vidéaste s’approprie et propose au compositeur les montages formels en fuyant tout rapport illustratif : seuls quelques « débordements » musicaux sur l’image, ou visuels sur la musique apparaissant comme autant de marqueurs formels et structurants.

L'Autre fille (2020)
Musique-fiction in Ambisonic
Premiered at Centre Pompidou, Paris, 2020, September 11th
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Musiques-Fictions est la collection que lance l’Ircam en 2020 : un programme où la création musicale est en prise directe avec la fiction littéraire. Ces musiques-fictions agencent un texte, en priorité celui d’une auteure contemporaine, une musique originale liée aux sens de la fiction, un metteur en scène et des acteurs. Donner toute sa place à l’écriture musicale mais conserver toute son intelligibilité au texte : Musiques-Fictions entend renouveler le genre de la fiction radiophonique ou du Hörspiel, en dépassant la simple illustration sonore du récit ou du dialogue.
Dans un espace immersif, sous le dôme de diffusion ambisonique, où l’imagination est sollicitée par l’environnement sonore créé, l’auditeur est convié à une écoute partagée.
L’autre fille, texte d’Annie Ernaux
Aurélien Dumont : composition, commande de l’Ircam-Centre Pompidou
Daniel Jeanneteau : adaptation et réalisation
Augustin Muller : design sonore et réalisation
Sylvain Cadars : ingénierie sonore
Avec la voix d'Annie Ernaux et musique enregistrée par les musiciens de l’ensemble
L’Instant Donné, Nicolas Carpentier, violoncelle, Maxime Echardour, percussion, Mayu Sato-Brémaud, flûte
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L’écriture musicale de la fiction L’Autre fille est dévolue à un trio instrumental composé d’une flûte basse, d’un violoncelle et de percussions. L’écriture électronique se centre principalement sur la restitution du trio dans un voyage au sein de différents espaces acoustiques et sur une conception du son qui met en avant la corporéité des interprètes. La musique est une voix à la fois indépendante et en prolongement du texte d’Annie Ernaux, notamment en questionnant d’un point de vu sonore le thème de l’absence. Esthétiquement, elle exclue toute forme d’illustration ou tout autres ressorts démonstratifs et nous invite, par le biais d’un travail particulier sur le silence et la vibration, à notre propre intériorité.
Fragments d'autre (2021)
Installation en binaural pour deux acteurs, 4 saxhorns, piano, harpe, violon, percussions et sons électroniques.
Premiered 2021, July, 26th in Maison Maria Casarès, Alloue.
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Johanna Silberstein et Philippe Canalès
Quatuor Opus 333
Ensemble l’Instant Donné
Étienne Démoulin : réalisateur en informatique musicale IRCAM
Sylvain Cadars : ingénieur du son IRCAM
Commande de la Maison Maria Casarès dans le cadre de ma résidence de compositeur depuis 2019, Fragments d’autreest une œuvre aux multiples enjeux qui pourrait se résumer à la forme qu’elle dessine, celle d’une fresque-hommage. Hommage à la résidence tout d’abord. Lieu magique, où j’y ai passé plusieurs mois depuis 2017, à sentir l’ambiance si particulière de la maison, à subodorer l’empreinte de son habitante illustre, faite de murmures surnaturels apparaissant la nuit tombée par quelques présences fantomatiques bienveillantes. Hommage aux rencontres, acteurs, chanteurs et musiciens, avec qui j’ai eu le grand plaisir de travailler et avec qui se sont tissés des liens d’amitié. C’est un lieu approprié, dans les deux sens du terme.
Fragments d’autre est une installation qui repose sur dix-neuf lettres issues de la correspondance entre Albert Camus et Maria Casarès. Il n’était pas aisé de penser un travail d’écriture musical avec une telle matière sans tomber dans l’illustration ou le pléonasme musical. J’ai utilisé plusieurs filtres pour cela.
Le premier était de relever les années d’écriture des différentes lettres et de collecter des œuvres musicales qui y ont été créés, en tentant de trouver un lien avec les situations qui y sont décrites ou avec des éléments biographiques des deux amants. Une liste d’œuvres musicales de différents compositeurs allant de Francis Poulenc à Edgard Varèse en passant par Pierre Boulez, John Cage ou encore Pierre Schaeffer a été ainsi élaborée. L’influence de ce dernier a peut-être été la plus déterminante sur l’ensemble de la pièce car il s’agit aussi d’un hommage à l’art radiophonique, dont la naissance accompagnait d’une certaine manière cette correspondance. Schaeffer avait en effet enregistré dès 1943 certains textes d’écrivains résistants dont ceux de Camus. Ainsi, la partie électronique des fragments d’autre a été réalisé « à l’ancienne » : feedback de console, larsen de radio, et autres intermodulations constituent l’essentiel de cette matière.
Le second filtre, utilisé pour l’ensemble des parties instrumentales, a été l’association de chaque fragment à un O.E.M. (Objets Esthétiquement Modifiés) issus des sources listées. Cette technique de composition consiste à prélever dans des musiques du passé un élément que j’identifie comme un objet musical me semblant receler la possibilité d’une brèche. Cela peut être un geste, un motif, une mélodie, un rythme, un timbre, un enchaînement harmonique, ou autre. Par son prélèvement, l’objet se décontextualise, puis, avant de le réimplanter à la manière d’une bouture dans mon terreau, je le modifie esthétiquement. La gradation de cette modification devient un paramètre de composition à part entière, qui s’étale de la citation propre à la perte totale de sa perception d’origine. Il sera ainsi difficile de reconnaître les sources ici, à l’exception d’un fragment qui repose sur Don Giovanni de Mozart, seule œuvre à ne pas figurer sur la liste mais que semblait apprécier fortement Camus.
Le troisième filtre s’incarne dans la forme même du fragment. Les dix-huit fragments musicaux sont ainsi recombinés les uns avec les autres, ainsi qu’avec les textes jusqu’à une forme de mise en abîme dans la dernière partie, où la composition repose sur la fragmentation des autres fragments.
Le dernier filtre est celui du titre, celui de l’altérité. Cette œuvre développe ainsi cette notion qui nourrit mes préoccupations musicales depuis plus de dix ans maintenant, et qui résonne avec la célèbre idée proustienne selon laquelle on ne connaît la beauté d’une chose que dans une autre.