Slide listening (2017)
Instrumentation: concertino for piano and orchestra
Duration: about 9 minutes
Premiere: March 5th 2017 by the three finalists of Piano Campus international piano competition.
Orchestre Melodix, conducted by Fabrice Parmentier
National Theater of Cergy-Pontoise
Publisher : Éditions Musicales Artchipel
Commission: Pascal Escande for Piano Campus competition
Slide-listening est une pièce écrite pour piano et orchestre qui s’éloigne quelque peu de la forme classique du concertino dans le rapport entre le soliste et l’orchestre. Ici le discours ne s’établit pas au sein d’un axe confrontation/dialogue, mais plutôt dans une volonté d’orchestrer l’instrument soliste, de créer une sorte de piano augmenté par l’orchestre. Ce dispositif compositionnel filtré laisse s’échapper quelques résidus orchestrés et autres textures autonomes pensées comme des respirations d’ordre environnemental, proches du design sonore.
La forme et le matériau convergent dans la figure du glissement. Du glissement de l’archet sur les cordes au glissement de clusters diatoniques au piano, du glissement des flutes à coulisses au glissement de la superball sur le tam, du glissement d’objets musicaux au glissement des situations d’écoute, ces diapositives sonores s’entrechoquent à un tempo soutenu.
Cette pièce, créée par les finalistes du concours international Piano Campus 2017, met par ailleurs en jeu ce que j’appelle des OEM (objets esthétiquement modifiés) issus du concerto pour piano de Schumann (au programme de la finale). Les OEM sont des fragments musicaux issus de la littérature classique ou traditionnelle ; ces fragments sont, un peu à l’instar des manipulations génétiques, d’abord prélevés, décontextualisés, modifiés esthétiquement, puis confrontés à un nouvel environnement musical.
Grands défilés (2011)
Commission : La Barque théâtre.
Instrumentaion : an actress, an actor, a
mezzo-soprano, a serpent and electronic.
Duration : 70 minutes
Conception : Frédéric Tentelier and
Aurélien Dumont.
Premiered in 2011, october 15th at Opéra de Lille.
Aude Denis, Johanna Brault, Joseph Drouet,
Patrick Wibart.


Grands Défilés est un diptyque de théâtre musical pour une majorette, un chef de fanfare qui joue légèrement faux, un serpent baroque, une chanteuse lyrique et un dispositif électroacoustique. Jouées simultanément, les deux parties relatent en musique et en mots la même journée, racontée de deux points de vue différents. Préfère-t-on son propre souvenir ou celui que l’on nous a raconté ?S’inspirant de la messe des morts, d’un concours de fanfares, d’un paquet de cacahuètes, de la suite française et d’un lot de diapositives jaunies, les interprètes - dont la mémoire oscille entre moments vécus et passé inventé - tentent en vain d’accorder leurs souvenirs..Il est ici question du passé. Il est simultanément vivant et mourant : vivant parce que le passé subsiste dans le souvenir ; mourant parce que le souvenir s’oublie progressivement. Les personnages de Grands Défilés nous font part de leurs souvenirs : ceux qu’ils accumulent de façon disparate, qui se mélangent et se contredisent. Leur passé est mourant parce qu’ils ne cessent de le réinterpréter, de le déformer. Dans Grands Défilés, il n’y a pas de temps : il est à la fois figé comme une diapositive mais se déroule imperturbablement au cours d’une seule et même journée.Préfère-t-on son propre souvenir ou celui que l’on nous a raconté ?
Les personnages de Grands Défilés vivent dans la simultanéité : leur mémoire oscille entre moments vécus et passé inventé, ils sont à la fois dos à leurs souvenirs et dos aux souvenirs de l’autre. Ils nous racontent à la fois simultanément et successivement le déroulement du grand défilé.La musique de Grands défilés est construite à partir d’une succession de petites pièces, un peu à mi-chemin entre la Messe des morts et la suite baroque. Sa composition consiste à l’approfondissement de mon concept des OEM (objets esthétiquement modifiés), qui sont des fragments musicaux issus de la littérature classique ou traditionnelle. Ces fragments sont, un peu à l’instar des manipulations génétiques, d’abord prélevés, décontextualisés, modifiés esthétiquement, puis confrontés au langage contemporain. Les principaux référents utilisés ici sont liés à la musique religieuse - chant grégorien, graduel d’Aliénor de Bretagne, à Rameau - avec, par exemple, l’orchestration de la pièce pour clavecin Les tendres plaintes, à Berlioz - pour son utilisation du serpent dans le 5ème mouvement de la Symphonie Fantastique mais aussi à la musique traditionnelle folk et blues - The coocoo bird.
La musique se développe ainsi au sein d’un univers étrange où l’impureté stylistique prédomine, soulignant les côtés irréels du texte. Sentiment renforcé par une électronique qui accompagne l’instrument ou la voix dans son cadre harmonique, mais avec des sons de synthèses surprenants, dont la gamme d’expression développe un panel très large de qualités sonores, entre le kitsch et la méditation solennelle. Cette hétérogénéité s’inscrit, grâce au travail sur les OEM, dans un cadre cohérent. En résulte une double tension à l’écoute sur chacun de ces mouvements, à la fois petits paysages oniriques s’ancrant dans une réalité historique fuyante et musique du passé fantasmée.Chacune des deux parties propose ses propres couches de significations que le spectateur pourra ou non explorer, entendre, interpréter et croiser en fonction de son ressenti ou de son écoute personnelle. Enfin, la musique tisse, en négatif, un rapport intime avec le texte, formant ainsi des couples de sens fragilisés en permanence par le discours. Le spectateur-auditeur est donc invité à se perdre dans les souvenirs, puis à se frayer un chemin singulier au milieu de ces petites briques d’histoires et de sons, et à résoudre – ou non – les paradoxes de cet anti-conte musical.